Le Cesec s’oppose à l’ubérisation des professions réglementées

EN BREF Le Cesec exprime son opposition à l’ubérisation des professions réglementées à Tahiti. Le recours aux patentés est environ 35% moins cher que l’emploi salarié pour les employeurs. Cette pratique conduit à une paupérisation de ces professionnels. L’ubérisation s’étend là où les acteurs historiques ne sont pas performants ou les conditions ne sont pas satisfaisantes. Ce modèle expose les professionnels à la précarité et les consommateurs à une qualité de service moindre. Le débat sur l’ubérisation pose des questions sur les responsabilités des États et des administrations. La Commission européenne estime que 5,5 millions de travailleurs pourraient être affectés.

Le Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) de Polynésie française a récemment pris position contre l’ubérisation des métiers réglementés. En mettant l’accent sur la précarité croissante que cela engendre pour les professionnels et les risques pour les consommateurs, le Cesec souhaite encourager des alternatives plus coopératives et régulées pour protéger les travailleurs et maintenir une qualité de service. Cet article explore en profondeur les différentes dimensions de cette opposition et les solutions envisagées.

Les Conséquences de l’Ubérisation pour les Professionnels

L’ubérisation consiste à utiliser des plateformes numériques pour mettre en relation directe des travailleurs indépendants et des clients, souvent en contournant les structures traditionnelles et régulées de l’emploi. Si l’évolution promet des coûts réduits pour les employeurs, avec des réductions de l’ordre de 35% en moyenne par rapport à l’emploi salarié, elle entraîne une paupérisation des professionnels.

Cette économie à bas coûts impose aux travailleurs une précarité accrue. Du fait de la flexibilité extrême et du manque de protection sociale, beaucoup de professionnels se retrouvent dans des situations instables, sans assurance maladie, chômage ou retraites, exacerbant ainsi les inégalités sociales. La polarisation entre les emplois de haute qualification et les postes précarisés s’accentue, renforçant l’exclusion économique.

Les Professions Réglementées en Danger

Les professions réglementées, qu’elles soient artisanales ou libérales, trouvent dans l’ubérisation un ennemi redoutable. Là où les acteurs historiques offraient une certaine qualité de service et des garanties aux consommateurs grâce aux normes, le modèle ubérisé se montre souvent incapable de remplir ces conditions. Selon une analyse juridique, ce modèle expose à la fois les professionnels à la précarité et les consommateurs à des risques de mauvaise quality de service.

Par ailleurs, les monopoles traditionnels des professionnels régulés se voient menacés par ces nouveaux acteurs numériques, qui, grâce à une législation souvent floue ou inexistante, s’installent rapidement sur le marché. La mission d’information sur l’ubérisation de la société par le Sénat (disponible ici) a également souligné ces enjeux, montrant que la situation nécessite une régulation plus stricte et adaptée.

Les Recommandations du Cesec

Face à ces défis, le Cesec propose plusieurs pistes de réflexion pour endiguer cette transformation rapide et souvent déstabilisante des métiers. Une des principales recommandations est de favoriser le développement de plateformes coopératives. Celles-ci permettent de maintenir des niveaux de protection sociale pour les travailleurs tout en offrant une alternative viable aux plateformes traditionnelles d’ubérisation.

En outre, il appelle à une réglementation plus stricte concernant les conditions de travail et les droits des travailleurs indépendants engagés sur ces plateformes. Les professions réglementées nécessitent une adaptation législative pour tenir compte des nouvelles formes d’emploi et garantir, à la fois, la sécurité des professionnels et la satisfaction des consommateurs.

Le Rôle de l’État et des Acteurs Locaux

L’État a également un rôle crucial à jouer dans cette régulation. Selon un document de travail disponible ici, la responsabilité juridique, financière et politique de l’État envers des modèles comme celui d’Uber est en constante évolution. Les autorités locales et nationales doivent collaborer pour définir des cadres légaux qui protègent les travailleurs sans étouffer l’innovation.

En Polynésie française, par exemple, des solutions adaptées aux spécificités locales doivent être trouvées pour équilibrer entre innovation numérique et préservation des droits sociaux. Le Cesec insiste sur la nécessité d’une vigilance accrue et de la mise en place de dispositifs solides pour éviter une dégradation des conditions de travail.

Problématiques soulevées	Impact et Conséquences
35% moins cher que l’emploi salarié	Paupérisation des travailleurs
Conditions de travail inadéquates	Précarité accrue pour les professionnels
Absence de services des acteurs historiques	Imposer un hors piste juridique
Polarisation entre emplois	Artisans et libéraux pénalisés
Modèle d’ubérisation	Baisse de la qualité des services pour les consommateurs
Responsabilité étatique	Poids juridique, financier et politique sur l’État
Éventail de secteurs d’activités	Exposition des nouvelles professions à la précarité
Opposition gouvernementale	Plan européen impactant 5,5 millions de travailleurs

Impactes et Mesures du Cesec

• Impact sur les Employeurs : L’ubérisation est en moyenne 35% moins chère que l’emploi salarié.
• Paupérisation : Le recours aux patentés entraîne une précarisation des professionnels.

• Encadrement Juridique : Les professions ne bénéficient pas d’une protection adéquate.
• Responsabilités de l’État : L’État doit clarifier son rôle juridique et financier concernant l’ubérisation.